Un « BOUM » sourd se fit entendre sur la plage, et le vent souffla une brusque bourrasque qui fit frémir les branches des palmiers alentours. La lune brillait dans le ciel et les vagues s'écrasaient calmement sur le sable.
À terre, Daeros reprit lentement ses esprits, et se redressa en faisant craquer les vertèbres de son cou dans une grimace. Une fois debout, il épousseta ses vêtement, poussant un juron contre le sable qui s'était insinué jusque dans ses chaussures. Soupirant, il regarda autour de lui avec attention et se prit à sourire devant le spectacle qui lui était offert. Dans l'air calme de la nuit s'étendait un paysage paradisiaque, de falaises et paliers. La montagne, entre les nuages qui la voilait légèrement, trônait de toute sa force sur l'ensemble du décor, que berçait le doux ressac des vagues et le murmure d'animaux nocturnes. La vieille ne l'avait pas trompé: le sort semblait avoir fonctionné...
« Joli coin, j'aurais pu plus mal tomber... » dit-il pour lui même.

Son visage redevenant grave, il ferma les yeux, comme pour mieux se concentrer. Le sang de Fanellia était l'un des plus fort qu'il ai connu et il restait encore encré en lui, même si ce n'était à présent que faiblement. Un sourire se forma à nouveau sur son visage losqu'il senti sa présence, enfin, après ces longues recherches, non loin de là. Il laissa alors vagabonder son esprit jusqu'à elle, l'appelant sans mots à le rejoindre...

* ...Viens à moi, douce Fanellia...*

Fanellia dormait paisiblement dans le petit chez elle qu'elle avait su se créer au fil des années. Pourtant le léger bruissement des palmes qui habituellement la berçait, semblait la gêner cette nuit là. Fronçant les sourcils dans son sommeil, elle s'était retournée plusieurs fois avant d'ouvrir les yeux. Souffrant de la chaleur, elle s'était redressé dans son lit, passant une main lasse dans ses cheveux pour dégager son visage. Respirant plus rapidement, elle se dégagea des draps et déposa ses pieds nus sur le plancher sableux et frais.

S'approchant de la fenêtre, quelque chose semblait l'appeler au dehors... Ayant du mal à déchiffrer cette envie sournoise et intérieure, elle alla dans la pièce principale pour se prendre un verre d'eau. Habillé d'une simple robe blanche usée par le temps, informe et bien trop grande pour elle, la jeune fille attrapa un léger châle qu'elle avait taillé dans un vieux draps pour enrouler ses frêles épaules. La robe lui tomba d'une de ses épaules, mais elle ne semblait pas s'en souciait, étant comme dans un semi-sommeil, elle passa silencieusement le pas de la porte.

Une fois dehors, la brise fraîche lui fit du bien. Fermant instinctivement les yeux, elle profita de cet effet bénéfique avant de se mettre à marcher innocemment. Ne semblant plus vraiment avoir conscience des dangers qui la guettaient au-dehors, elle traversa les champs, puis la palmeraie, avançant à la rencontre de cet étrange appel qu'elle n'aurait su définir. Émergeant finalement d'entre les arbres, elle fit quelques pas sur la plage, la brise un peu plus forte, venant mouler les formes de son corps maigrement vêtu. Les cheveux en bataille, quelques mèches encadrant son visage encore ensommeillée, la jeune fille fixa l'horizon calme de la mer où se reflétaient les pâles rayons de la lune.
*Mais... qu'est-ce que je fais ici ?...*

Dans l'ombre, Daeros senti le parfum sans égal de Fanellia s'approcher. à sa vue, détaillant ses formes que laissait deviner cette robe plaquée par le vent, il passa sa langue sur l'une de ses canines dans un sourire carnassier. Sans un bruit, comme une ombre, il se glissa jusqu'à elle. elle semblait déboussolée et frêle, mais n'avait rien perdu de tout ce qu'il avait connu d'elle... s'approchant si près de son dos qu'il sentait sa respiration, il huma le cou de la jeune fille en en dégageant une mèche de cheveux, s'enivrant de la proximité de cette veine où il aurait été si tentant de mordre...

"Je t'ai chercher bel ange..." souffla-t-il à son oreille.

Fanellia n'avait pas sentit l'inconnu s'approcher. Lorsqu'il frôla la peau de la jonction de son épaule à son cou, elle tressaillit. Dans un état brumeux, le vampire eut le temps de lui susurrer à l'oreille ces quelques mots qui sonnèrent à l'oreille de la jeune fille comme l'une des répliques les plus dignes qu'un psychopathe pourrait lui dire. Se retournant dans un sursaut, elle se recula de quelques pas pour fixer cette personne, le cœur battant par l'adrénaline que la peur lui procurait.

Un homme plutôt fin... pas très grand, des cheveux sombres et … un air plus que serein et déterminé au visage.
« Qui... qui êtes-vous ? » demanda-t-elle d'une voix surprise et craintive.
Reprenant lentement ses esprit, elle lança un petit regard paniquée autour d'elle. Qui était cette personne... elle avait si peur maintenant... une crainte profonde qui ne pouvait être produite depuis quelques instants... non c'était antérieur à tout ça. Réprimant un frisson, elle plissa les yeux, prenant à peine le temps de dégager son visage des mèches de cheveux que le vent rabattait sans cesse. Semblant prête à fuir au moindre geste, une foule de question traversait son esprit.
*Pourquoi suis-je venue ici... est-ce que c'est un être magique ? Seul un être magique peut faire ça... qu'est-ce qu'il me veut ?... Qui est-il ?... est-il dangereux ?...*
Craintive, elle resserra le châle qui enserrait ses épaules.

Face à la réaction de la jeune femme, Daeros plissa les yeux...

*...Aurait-elle perdu la mémoire? Cela ne fait pas si longtemps qu'elle ai pu m'oublier...*

Puis, imperceptiblement, il se mit à sourire, jubilant interrieurement, malgré une certaine inquiétude, aux perspectives que cela lui laissait envisager...
Fronçant les sourcils, il pencha légèrement sa tête de côté.

"... Que t'est-il arrivé?..." La détaillant des pieds à la tête, il leva très doucement ses mains vers elle et fit un pas en avant.
"Tu n'as rien à craindre de moi, bel ange. Je suis Daeros. Tu ne te souviens pas de moi?"

Fanellia recula d'un nouveau pas, alors qu'il tentait de s'approcher :
« Ne vous approchez pas ! » Le prévint-elle, semblant paniquée elle ajouta précipitamment :
« Non je ne vous reconnais pas ! » Elle tenta de réfléchir :
*Daeros...* Effectivement, ce nom avait une drôle de résonance dans son esprit, mais elle n'aurait su dire si elle l'avait déjà rencontré. Elle le détailla rapidement confuse, continuant de trembler de peur, restant néanmoins sur place, comme si un charme quelconque agissait sur elle.

Un bel homme comme lui... elle ne l'aurait pas oublié tout de même !
« Vous...vous êtes un être magique... » dit-elle d'une voix qu'elle tenta de rendre calme. Ne pas paniquer... il ne fallait surtout pas paniquer... s'il était inoffensif comme il le prétendait... alors elle n'avait rien à craindre ?
« Que m'avez-vous fait ?... pourquoi suis-je ici ?... Est-ce que... est-ce que vous aussi vous venez de cet endroit ? Daimos ?... » demanda-t-elle avec incertitude. Un frisson d'angoisse remonta malgré elle son échine. Cet homme... elle le sentait différent... Et puis pourquoi l'appeler bel ange ? Avait-il eu un lien particulier ?

Daeros, malgré les avertissements de la jeune femme, continuait d'avancer d'un pas calme et mesuré. quand elle lui demanda s'il était un être magique, il parti d'un petit rire.

"J'en suis un, autant que toi, mon bel ange. un être de la nuit, mais dont la volonté n'est autre que de te protéger durant ton sommeil..."
A la suite de ses questions, il secoua la tête:
"Tu as donc tout oublié? Même de Daimos?"

Arrivant finalement devant elle, il hocha la tête.
"Oui, nous nous sommes rencontré là bas, à Daimos... Et je m'en souviendrai pour l’éternité..."
Il caressa la joue de la jeune femme, de sa main douce et glacée.

"Je m'étais rendu dans cette école et je t'y ai trouvé. le destin t'as mit sur mon chemin... toi et moi avons été très proche... vraiment très proche. J'ai senti ta disparition, et je t'ai cherché, jusqu'à te retrouver ici, sur cette plage. tu as suivit mon appel, car toi et moi sommes liés... ton sang et le mien le sont... "

La lumière des étoiles et de la lune luisait dans ses yeux, qu'il plongeait dans le bleu des siens avec une rare intensité.

"Je suis venu pour te ramener, te tirer de cette île maudite et t'emmener avec moi..."

Fanellia vait continué de reculer, mais de pas curieusement de plus en plus réduits. A mesure qu'il s'approchait, elle sentait sa crainte augmenter de par son esprit de survie, mais aussi une volonté qui ne semblait plus lui être propre, s'imposer à elle pour la figer et le laisser se rapprocher au plus près d'elle. Lentement il la regarde avec calme, lui caresse la joue du bout des doigts. Mais qui était cet étrange personne?! Un frisson lui traverse le corps quand il la touche, quelque chose qui chamboule son cœur...

Les paroles qui s'en suivent la perturbe encore plus... Lié ? Quoi ?... Sa main était glaciale... De quelle nature était-il ?
« Comment savez-vous ? » demanda-t-elle d'une voix nettement adoucie qui la surprit elle-même !
« De quelle proximité parlez-vous ? » d Réprimant un frémissement, elle affronta doucement le regard d'or du vampire qui la fixait. Se pourrait-il qu'ils auraient pu s'aimer d'un amour sincère dans son passé aujourd'hui si flou ?... Elle n'en savait rien... ses sentiments étaient mêlés il y avait cette étrange attirance... si peu naturelle, et cette crainte qui continuait de sévir dans son cœur.

Ne voulant pas lui dévoiler son amnésie et se retrouver à la merci de ses mensonges, elle lui garda son cœur fermé pour le moment, ne posant pas plus de questions que ce qu'il était nécessaire :
« Pourquoi vouloir me protéger... ? Qui êtes-vous réellement ? » d Il parla de leur lien du sang : « Mon...Frère ? » dintriguée et à la fois subjuguée par le jeune homme, sa main ne peut s'empêcher de passer à proximité de son visage sans pour autant le toucher. Quelque chose la perturba... un détail... quelque chose sur laquelle elle n'arrivait pas à mettre le doigt. Après quelques secondes, cela fit tilt dans sa tête : il ne respirait pas ! Cette fois la crainte repris le dessus, serrant sa poigne sur son chandail, elle recula son talon, prête à fuir de nouveau.
*Qu'est-ce que ?! Personne de mort ne peut vivre ! Si ?...*
« Personne ne peut fuir cette île. » ddit-elle fataliste, ses sourcils se fronçant légèrement.

Fanellia ne se rappelait de rien, c'était à présent certain... lui faire croire qu'ils avaient été fous d'amour l'un pour l'autre, et oublier leurs conflits serait alors facile. Il fut tenté par cette idée, où sa nature joueuse voyait une occasion en or d'avoir de Fanellia tout ce qu'il voulait d'elle... Mais alors que la jeune femme se laissait glisser hors de sa crainte, avec son air si perdu, ses cheveux flottants dans le vent, ses yeux pleins d'interrogation enivrés par son influence, son affection pour elle reprit le dessus et il ne pu se résoudre à la manipuler à ce point. une fois sorti d'ici elle se rendrait compte de la manigance et en souffrirait. Et puis après tout, si elle ne se souvenait de rien, elle ferait d'elle même ses propres conclusions... le sentiment qu'il éveillait chez elle était suffisamment fort pour qu'on s'y trompe... Ne pas mentionner l'existence d'Arrakis serait bien assez suffisant pour qu'elle puisse faire elle même sa route.

Il la laissa poser ses questions sans y répondre. Lorsqu'elle fut soudain prise de peur, il sourit tendrement. D'un air soudain plus désinvolte, il parla en commençant à tourner lentement autour d'elle.

"Mon cher ange, Je suis un vampire... Je suis mort il y a bien longtemps et la nuit est mon domaine... les vivants me permettent de mimer la vie, une vie où les étoiles ont un autre éclat et les fleurs un parfum différent."
Il lui sourit calmement, s'attendant à éveiller chez elle une crainte légitime. Puis il s'approcha soudainement pour plonger ses yeux à nouveau dans les siens et murmurer.
"...Mais tu n'as rien à craindre de moi, Fanellia. Non, je ne suis pas ton frère, mais ton sang et le mien se sont mêlés jadis. Toi et moi somme plus proche que tu ne le sera jamais d'aucun mortel. C'est pour cela que je te protègerai... Par ce que ce sentiment qui s'éveille en toi en ma présence, je l'ai aussi... Et j'écorcherai le monde plutôt que de le voir s'éteindre"
Il porta la main à son collier, envahi par une mélancolie qu'il dissimula cependant.
"...Et par ce que j'en ai fait la promesse à une vieille amie."

Il la scruta un moment, puis leva doucement sa main vers son visage.

"...Laisse moi te montrer..."

Il avait besoin qu'elle lui fasse confiance, et même s'il aurait adoré en son fort intérieur jouer avec elle au chat et à la souris, il ne le pouvait pas. Il désirait ce sang qui battait dans ces veine frêles, malgré les effets presque trop fort qu'il produisait sur lui, mais il ne devait pas céder à sa nature.

Il s'apprêtait à lui envoyer en pensé un tourbillon d'images de leur passé commun, de leur proximité, de cette fois où il l'avait sauvé, de cette fois où c'était elle qui l'avait fait pour lui. Il lui enverrai le souvenir du sentiment de l'extase de sa morsure, afin qu'elle comprenne les sentiments qui l'assaillait, mais aussi celui de ce baiser qu'ils avaient partagé...

[HRP: J'attends de voir si tu te laisse faire, si c'est le cas tu peux toi même décrire comment tu perçoit les visions.]

Fanellia voyait ses craintes se révéler.
*Vampire... Vampire ?..* Restant figée quelques secondes à la recherche des informations cachées de son cerveau, seul un léger flash lui donna une brève définition : buveur de sang. Cette mini révélation lui donna un frisson d'angoisse... Pourquoi voulait-il la protéger ? Était-ce une ruse pour la vider de son sang ?!

Se sentant comme prise au piège, elle le laissa lui tourner autour sans vraiment savoir quoi faire. Il semblait si sûr de lui ! Ce qui lui démontrait à quel point elle se devait de le redouter, alors pourquoi ses jambes refusaient de bouger ? Observant du coin de l'oeil la progression du jeune homme autour de sa personne, son souffle se coupa légèrement. Elle devait en savoir plus... Pourquoi semblait-il attacher à sa personne ? Pour les mêmes raisons de ce qui la poussait à rester silencieuse et désormais calme face à lui ?

Les battements de son cœur allaient au gré de son émotion, pourtant extérieurement, ses yeux n'étaient plus capable de se défaire de cet étrange inconnu. Il prétendait avoir bu son sang alors ?... S'il n'était pas son frère c'était bien là la seule explication qui s'offrait à elle. Mais lui avait-elle donné volontairement... ou bien... ? Un étrange frisson glissa dans son dos. Il était si beau... si irréel que cette beauté lui faisait presque peur ! Le laissant s'approcher autant qu'il le souhaitait d'elle, elle leva doucement sa main libre pour retracer son visage, passant ses doigts au-dessus de l'arrête de son nez sans pour autant le toucher. Aucun souffle... rien... aucune chaleur... Comment pourrait-elle aimer un être assoiffé de sang et sans vie ?

Curieusement la question passa en arrière plan... quelle était donc cette étrange attirance qui les liait tous deux ? Aurait-elle pu vraiment tomber sous son charme ? Il semblait dire les choses avec une certaine poésie, sa voix... ou les mots qu'il choisissait la faisait frémir. Oui il y avait bien quelque chose mais toute cette étrangeté surnaturelle alertait son instinct de survie... Devait-elle lui faire confiance ?

Un rayon de lune éclaira ses cheveux d'un éclat cendré. La brise se fit plus douce, laissant le corps de la jeune fille se voiler un peu plus dans les replis de sa maigre tenue. Tout en elle lui intimait de fuir, mais elle ne le pouvait pas... plus maintenant. Les yeux envoûtés de douceur elle laissa son visage se tendre imperceptiblement vers celui de Daeros, perdant son regard dans la profondeur de ceux du vampire.

Il allait lui montrer... mieux lui faire ressentir, et au fond d'elle-même une partie d'elle n'attendait que ça ! Lorsqu'il se décida à lui montrer leur passé commun... selon son bon plaisir, ses yeux se fermèrent sous l’afflux d'informations. Ce n'était pas forcément des plus agréables, cependant la force des émotions qui se dégageait de ses souvenirs la firent chavirer. Perdant légèrement l'équilibre, elle se rattrapa à lui, ses mains agrippant doucement les coudes de l'esthète. Baissant la tête, elle laissant son front frôler le buste du jeune homme. Tout cela lui donnait le tournis... il l'avait mordu... mais... elle n'avait pas été tout à fait non consentante... quelque chose semblait déjà l'attirer à ce moment là... et ce baiser !

Le cœur chaloupé, elle trembla légèrement subissant tranquillement ses souvenirs imposés à son esprit. Elle lui avait sauvé la vie... lui avait fait de même pour elle... Alors... il n'avait pas menti ? Quand tout cessa, elle releva seulement la tête, posant sur lui un regard perdu, troublé au possible. Le souffle légèrement haletant, elle ne savait plus quoi penser. Encore sous le charme de ses souvenirs, ses lèvres étaient entrouvertes, mais aucun mot ne semblait vouloir passer la barrière de sa langue. Disait-il donc vrai ?... ou tout cela n'était qu'un tour de passe-passe ? Pourquoi l’appelait-il systématiquement mon ange ?... Il était si … parfait... au fond de son cœur le doute commençait à lentement s'installer... mais... malgré cette attirance, malgré cette envie irrépressible qu'il la serre fort contre lui... cette petite voix intérieure lui intima de réfléchir et de ne pas encore lui accorder tout son crédit.
« Daeros... » souffla-t-elle lentement, dans un murmure de charme et d'incertitude.

En l'entendant souffler son nom, le vampire sourit, entrouvrant la bouche sur quelques dents. Tout l'être de Fanellia semblait tendu vers lui. Passant une main sur sa taille, il frôla son visage de l'autre. Le cœur de la mortelle battait, exhalant des parfums que l'esprit de Daeros ne pouvait occulter, et qui le poussaient lui même à se rapprocher au plus près d'elle. Presque inconsciemment, il l'attira contre lui, sentant cette fois ce cœur bondir sur sa chaire... Il aurait été si facile de l'envouter, de lui prendre un baiser... et plus encore, de planter ses crocs dans cette peau délicate dont il humait désormais le parfum avec délectation.

Son visage touchait presque celui de Fanellia, et, fermant les yeux, ses lèvres en effleurèrent la peau, à quelques centimètres des lèvres, et descendaient imperceptiblement en direction de ce cou fragile dont le sang vivant bouillonnait, l'appelait. Il en sentait presque à nouveau le goût dans sa bouche. Son esprit était happé par cet appel, lui intimant l'ordre de renouer ce contact, qui s'il était encore vivace, pourrait l'être bien plus encore en une fraction de seconde. Mais déjà dans son esprit venait s'imposer l'urgence de l'aube qui n'était plus si lointaine. Il lui fallu rassembler toute sa volonté pour ne pas succomber et rouvrir les yeux. Il ne devait pas la heurter, sans quoi elle pourrait prendre peur et se rebeller contre son désir de le suivre. Cependant, ses lèvres, tendues vers lui, semblaient être un appel d'un tout autre ordre, n'impliquant nul violence. Il en rapprocha les siennes, s'arrêtant juste avant de les toucher. Dans un souffle, il murmura:

"Es-tu effrayée? Tu ne le devrai pas... Le monde entier peut me craindre. Mais toi, tu es sous ma protection... personne ne te heurtera, et s'il t'arrivait d'être menacé par l'un d'eux, je répondrais à ton appel..."

Il marqua une pause pour enlever les mèches de cheveux qui balayaient le visage de Fanellia, et déposa finalement ses lèvres froides sur les siennes dans un baiser délicat et chaste.

Fanellia avait arrêté de compter le temps qui s'écoulait. Daeros venait de frôler son visage et en réponse aux frémissements qui la parcoururent à cet instant, ses pommettes prirent une teinte rosée. La main qui enserrait sa taille le rapprocha d'autant plus de lui, laissant leur deux corps se toucher. Un goût de première pour Fanellia dont le cœur fit un bond dans sa poitrine. Fermant les yeux comme pour imprimer le si doux sourire de cet inconnu qui la tenait contre, elle sentit le mouvement importun du visage de Daeros, venir comme dans une promesse frôler le sien pour lentement descendre dans son cou.

Rouvrant des yeux fiévreux, son instinct rattrapa seulement son esprit et non son corps. Allait-il la mordre ? Il était si près de son artère... une morsure... rien qu'une... Elle eut un frisson net à cette pensée !
*Mais... Qu'est-ce qui me prend ?...* songea-t-elle de manière bien trop lascive.
Restant quelques secondes ainsi, la jeune fille ne put s'empêcher de remonter ses paumes le long des côtes du jeune homme. Il était si froid... si mystérieux... Il se redressa enfin, la fixant avec une envie contenue.

Plus grand qu'elle, elle avait suivit le mouvement, redressant un peu la tête pour mieux le distinguer. Ils étaient si proches à cet instant... Daeros n'hésita pas à réduire cette distance jusqu'à laisser ses lèvres frôler celles de la jeune fille de son souffle. Les joues cette fois rouges, elle le fixant avec intensité, son corps entier restant charmé par son plus grand prédateur. Pourtant le vampire lui susurra des mots plus que doux... des mots rassurants et attentionnés. Frissonnant sous ses paroles, elle n'eut pas pourtant pas le cœur à répondre. Il était si prévenant... dégageant les mèches qui parsemait son visage en proie à la légère brise, elle médita en son fort intérieur ses mots qu'elle avait voulut entendre pendant toutes ces années sur l'île...

Saurait-il tenir cette promesse ? Serait-il aussi fou que celui qui se prétendait être son frère ? Elle ne voulait pas forcément se venger des villageois... juste vivre tranquille. Néanmoins une question subsistait dans son esprit, elle voulut d'ailleurs la poser mais n'en eut pas le temps :
« Po... » Daeros apposa ses lèvres contre les siennes.
Surprise, elle eut un léger mouvement de recul, puis sous une impulsion ferma immédiatement les yeux et repoussa doucement sa bouche contre la sienne. Le vampire était doté de tout ce qui pouvait faire consumer ses victimes et pour Fanellia qui n'avait plus aucune expérience de ses choses là, la douceur oisive de Daeros cumulée au parfum attractif qu'il dégageait la firent perdre raison sur le moment. Agrippant finalement ses mains dans le dos du jeune homme au niveau de ses épaules, elle laissa le baiser durer quelques secondes avant de le relâcher imperceptiblement.

Allait-il continuer de l'embrasser... ? Si oui elle se laisserait faire... le charme de Daeros avait augmenté avec le temps et la jeune demoiselle amnésique n'était plus entraîner à lui faire face. Au contraire allait-il s'arrêter... ? Si oui... elle prendrait quelques secondes pour se remettre intérieurement de ses émotions avant de relever des yeux timides sur lui pour lui demander d'une voix bien plus douce et faible qu'elle ne l'aurait voulu :
« Pourquoi ? »
Après tout... peut être ferait-il bien les deux... les pensées de Fanellia perdirent leur fil pour de bon, laissant à présent tout ses sens profiter de la froideur mortelle mais ô combien enivrante de Daeros.

Sentant la fièvre de Fanellia, Daeros l'attira cette fois plus fermement encore vers lui, enfouissant sa main libre dans sa chevelure pour l'embrasser plus fougueusement, répondant avec plaisir à ce désir qui les tenait tous deux. Ce long baiser enflammé réveillait sa soif, qu'il persistait à réfréner... Mais pour combien de temps? Il se souvenait parfaitement des effets que le sang de cette délicieuse créature, à présent abandonnée contre son corps, si puissant que son absorption provoqua chez lui une réaction violente. Si cela devait arriver, elle en serait troublée. Il ne devait pas se précipiter...

Le temps semblait suspendu et ce baiser accroché à l'éternité, enivrant, ne voulait pas trouver d'issue. Pourtant Daeros détacha ses lèvres de celles de Fanellia, lui souriant doucement, des flammes dansant pourtant malgré lui dans ses yeux.

"Pourquoi?" lui souffla-t-il. Ses lèvres s'ouvrir pour répondre à cette question mais il suspendit ses paroles. Il finit par murmurer "Par ce que je tiens à toi plus qu'à tous les trésors du monde, mon ange..." Ses doigts froids caressèrent le cou de la jeune femme. Soudain perdu dans le reflet que la lumière lunaire faisait naitre dans ses yeux bleus, il en fut soudain tiré par son instinct, qui attira ses yeux vers l'horizon, où le bleu du ciel nocturne s’éclaircissait imperceptiblement.

Fanellia s'était laissé entraîner par le tourbillon de ces nouvelles sensations. Daeros lui donnant un premier baiser qu'elle n'oublierait sans doute jamais. A croire que le destin poussait ce dernier à lui voler tous ses premiers baisers ? Ignorant tout de cette science inexacte, Fanellia s'était laissé faire suivant le rythme, un frisson la traversant de part en part. Son cœur emballé dansait autant que les émotions produites par ce baiser enflammé. Lorsqu'enfin il cessa, il lui fut bien dur de reprendre ses esprit, frémissant de toute part, son visage dégageant une certaine chaleur.

Daeros était si romantique ! Le charme agissait sur la jeune fille a un tel point qu'elle ne fit que se perdre dans la contemplation de ses yeux sans même réfléchir à ce qu'il fixait. Daeros ne voulait que son sang...mais à cet instant la jeune femme l'avait complètement oublié, brouillé dans ses sentiments et ses pensées, elle se laissa caresser, inclinant son visage doucement pour prolonger le contact froid de sa main.

« Mon ange ? » répéta-t-elle doucement comme pour savoir la signification de ce surnom qu'il s’évertuait à employer pour la qualifier. Bien que cela était plus que flatteur pour la demoiselle, elle ne s'en expliquait toujours pas la raison, et attendait naïvement une réponse sans plus chercher à comprendre à cet instant.

Son regard finit par suivre celui de Daeros au loin :
« Le soleil va se lever... » dit-elle tranquillement ignorant tout de la faiblesse à Daeros à la lumière. Regardant la douce lumière s'infiltrer progressivement dans le ciel, elle relâcha doucement sa prise de ce marbre parfait et froid qu'étais le corps du vampire. Devait-elle l'aimer comme elle avait semblé l'aimer jadis ?... elle l'ignorait, tout ce qu'elle savait, c'était sa facilité à lui chavirer le cœur... et si elle ne se protégeait, il pourrait bien lui voler son âme sans qu'elle ne s'en rende compte... ou bien qu'elle résiste ? Mais voulait-elle résister ? L'instinct au fond d'elle-même répondit un faible oui... oui mais pourquoi... pour continuer...* De le voir ?...* Secouant doucement ses pensées, elle remit tout cela pour plus tard... ce qui se passait à présent était juste tellement magique ! Oui... purement magique et mortel a long terme.

Daeros, fronçant légèrement les sourcils, passa une main caressante dans le dos de la jeune femme.

"Tu es un être exceptionnel, Fanellia, bien au dessus de la masse informe des simples mortels... L'as tu donc également oublié? tu possède de grands pouvoirs, faits de lumière. Autrefois tu déployais des ailes magnifiques pour t'élever dans les cieux..."

Il eu un sourire nostalgique sur les lèvres un instant. Mais ses yeux malgré lui, se tournait régulièrement, avec une certaine crainte, vers le ciel, à l'Est. Ses yeux se plissèrent à la vue d'un bâtiment, au loin. Il ressemblait à un phare.

"Dit moi, cher Ange... quelqu'un vit-il dans ce phare, là bas?"

Fanellia se laissait faire comme une petite fille émerveillée de découvrir la vie. Retournant un regard chargé malgré elle d'un certaine tendresse, elle fixa doucement le vampire qui semblait tendre de plus en plus sur le départ au vu de ses fréquents regards aux alentours pour chercher on ne savait quoi. La jeune fille fronça les sourcils :
*Des ailes ?...* ce détail la fit tiquer assez pour que le doute que son instinct de survie tentait de lui imposer, reviennent s’insinuer dans ses méninges. Elle ne fit pas de remarques sur ses soit disantes ailes, se contentant de répondre :
« Tu ne devrais pas parler ainsi... la magie est proscrite sur l'île... » Détournant les yeux, elle se garda de lui parler des villageois qui lui menaient parfois la vie dure.

Prenant le nouveau sujet de discussion comme un échappatoire, elle répondit doucement :
« C'est un phare abandonné... mais régulièrement les pêcheurs ou chasseurs pris par le mauvais temps s'y abritent...C'est un endroit plutôt sûr je dirai. » Songeant brusquement à la nature de Daeros, elle rajouta :
« Tu devras te cacher d'eux... ils n'aiment pas les étrangers... et je ... » elle hésita à finir sa phrase, se détachant doucement du vampire pour refermer ses bras sur elle comme pour remplacer cette glaciale étreinte qui le tenait quelques secondes plus tôt. Le vent revint mouler son frêle corps et elle finit par avouer doucement :
« J'aimerai te revoir... »

Quelques mèches vinrent de nouveau encombrer son visage tandis qu'elle le regardait avec intensité comme pour se convaincre que tout ça n'était pas un rêve, et au cas ou... incruster son image dans sa mémoire. Esquissant un léger sourire, elle tourna partiellement son regard sur le soleil annonciateur de leur séparation.

Daeros fronça les sourcils lorsqu'elle lui dit que la magie était proscrite au village, et que les habitant en étaient méfiants.

"Imbécile d'humains..." se contenta-t-il de souffler entre ses dents d'un air dédaigneux.

Il écoutait les paroles de Fanellia, acquiesçant intérieurement sur le choix du phare. Si les villageois avaient connaissance de l'existence de créatures magiques, il devait en effet être prudent. Sa vulnérabilité durant le jour ne lui permettait pas, face à une petite communauté méfiante, d'agir avec trop de désinvolture. Il se nourrirait sur les égarés, les mêlant aux morts malchanceux causés par les dangers naturels de l'île, en attendant de trouver une proie à envouter pour une "consommation" régulière... Il se refusait à se servir de Fanellia, qui ne méritait pas un tel traitement, et dont le sang s'il était trop présent dans ses veines le rendrait ivre et hors du temps. Il trouverai bien une proie qui fasse l'affaire, et se délectait d'avance de ce jeu. Il n'avait de toute façon pas l'intention de s'éterniser ici et n'en fit donc pas grand cas, ignorant de la difficulté que partir d'Islaberu représentait. Le phare pourrait s'avérer un bon abri, que personne ne viendrait visiter le jour.

Face aux inquiétudes de la jeune femme, il sourit.

"N'ai crainte mon ange. Je serais prudent. Soit sans crainte, tu me reverras..."

Le soleil n'était plus assez loin pour qu'il puisse se permettre de perdre plus de temps. Fanellia détourna le regard, et lorsqu'elle le posa à nouveau sur lui, il n'était déjà plus là, fuyant la lumière du jour. Il n'avait été qu'une ombre dans la nuit, chassées avec les autres par les premières lueurs, disparaissant comme il était apparu.

Le soleil se levait... Fanellia aimait bien ce moment particulier de la journée... C'était si calme... le retour à la lumière. Un moment plein de sens pour elle. Seulement lorsqu'elle retourna son regard sur Daeros ce dernier avait disparut ! Tressaillant, elle le chercha des yeux quelques secondes, constatant sa si silencieuse fuite.
Un nouveau frisson passa dans son échine... il était si furtif... s'il trouvait sa maison... il pourrait sans doute s'y introduire sans qu'elle ne le sache. Il était dangereux... mais à cet instant encore cette notion restait vague dans son esprit... Encore un effet du charme ?

D'un soupir lascif, elle retourna son regard sur le soleil levant, profitant pleinement de la magie de ce moment unique dans chaque journée. Puis quelques longues minutes plus tard, elle s'en retourna chez elle. Pensive... elle repassa les événements de la nuit dans sa tête, sans vraiment bien comprendre les sentiments qui l'avait poussé à se laisser ainsi faire. Elle devrait chercher des réponses à propos de lui... Mais comment enquêter sans éveiller de soupçons ? Son mépris pour les humains semblait particulièrement grand... Alors pourquoi s'être attaché à elle ?... Jusqu'à venir la chercher ici ? Elle n'avait aucune expérience dans le domaine de l'amour... mais à supposer que c'était réellement d'amour dont il s'agissait... n'aurait-elle pas agit de même ?

Secouant la tête, elle se raisonna :
* Ne t'emballe pas Fanellia.* Non avant tout il fallait qu'elle y réfléchisse... Malgré tout ce qu'elle semblait ressentir... elle savait que les êtres magiques étaient capables de tout... était-il possible qu'il manipule ses sentiments ?... Pour la première fois de sa vie, son manque de mémoire l'ennuya très fortement... Qui donc pourrait l'aider ici... Elle se passa une main dans les cheveux, fatiguée et ennuyée. Passant le pas de sa porte, elle se figea soudain :
*Gurdil !* Ce drôle de nain pourrait sans doute la renseigner !

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