[Suite de :
Laissez place au monde de la nuit. ]
Il s'était levé tôt ce matin là pour contempler la mer dans ses teintes grises du matin. Il se sentait bien alors que le jour n'avait pas encore écrasé l'air de sa chaleur. Le soleil, quand à lui, bas dans le ciel, auréolait le ciel de sa pâle lumière.
Il se prit à lever la main pour la superposer avec le disque lumineux imaginant la grandeur de l'astre. Il en ressentit une sensation étrange. Comme si un feu intérieur le dévorait d'une douce chaleur.
Une à une, les vagues venaient s'échouer sur la grève de sable et la mer tendit vers lui comme une invitation. Il s'avança lentement vers elle.
*Disparaitre au delà de l'horizon...*Il pénétra dans l'eau, s'enfonçant toujours un peu plus loin. Chaque ondulation de la mer le soulevait, arrachait presque ses pieds nu de leur emprise au sol.
*Disparaitre et renaître...encore.*Il ne savait pas nager et il se contentait de marcher jusqu'à ce que sa progression se fasse sur la pointe des pieds.
*...encore et encore...*
C'est là, soudain, dans cet état de semi suspension, comme flottant dans le vide, qu'il se laissa sombrer...et ce fut l'obscurité. L'obscurité et le silence.
Il avait la sensation de flotter au milieu du vide, que le monde entier gravitait autour de lui.
Seule la lumière de quelques rayons projetait au travers la masse obscure leur entière domination sur le monde.
Un mouvement de vague. Tout tenait à un mouvement de vague. Que celui-ci le pousse vers le large de quelques centimètres et il ne pourrait plus reprendre pied.
*...encore...*
Il sentit la mer se soulever à nouveau...du bon côté et le contact avec le sable lui permit d'immerger progressivement de l'eau. C'était comme renaître à nouveau.
Là, dans l'eau, il se mit à rire et à battre des bras, jetant l'écume au ciel, sous la lumière de l'aube