Cette sensation d'humidité était insupportable, Faustin errait maintenant depuis plus de trois jours dans l'océan, emporté par les courrants marins suite au naufrage de son bateau qui devait le mener sur le nouveau continent. Il s'était enroulé dans une voile du bateau, pour se protéger des rayons du soleil, l’empêchant aussi de voir ce qu'il y'avait autour de lui. Il avait été désigné par le conseil pour le représenter dans un nouveau district. Décidément ce voyage aura été un fiasco du début à la fin, envoyé incognito dans ce bateau, privé de toute source de sang pendant plusieurs jours, et maintenant ça … Faustin avait ingurgité suffisamment de sang pour qu'il ne ressente aucune gène durant toute la durée du voyage, mais c'était sans compter sur le fait qu'il allait devoir survivre plusieurs jours dans une eau glaciale. Il se demandait s'il allait un jour atteindre la terre, après tout ce temps passé sans se nourrir, ses sens étaient sur le point de se réveiller. Jusqu'à lors la froideur de l'eau ne l'avait pas affecté, mais les premiers signes d'une chute de la température de sa peau faisaient surface. Le vampire se plongea dans un sommeil léger afin de se préserver le plus longtemps possible du froid.

Cette sensation, c'était du sable, Faustin avait finalement atterri quelque part, sur la terre ferme. Il ouvra ses yeux, sa vision était encore trouble mais il pouvait voir que quelque chose n'allait pas. Un coup de tonnerre le fit reprendre entièrement connaissance, et ce qu'il vu était tout à fait hors-norme. Une immense tempête ravageait les environs, le vent soufflait à une vitesse affolante, de grosses mottes de terres et de roches étaient aspirés par une tornade non loin de lui. Faustin devait se mettre à l'abri, n'étant pas sur que des humains habitaient ses lieux, il ne pouvait se permettre de subir trop de blessures. Ne sachant pas vers ou se diriger il se contenta d'avancer tout droit, le vent était si fort qu'il arrivait à peine à progresser. Le sable semblait être du verre se plantant dans la chair du non-mort. Faustin utilisa le tissu de sa chemise pour se couvrir partiellement le visage et se protéger des petits projectiles. Il ne voyait pas à plus de 5 mètres, au-delà tout était indiscernable.

Après déjà plus de dix minutes à marcher contre le vent, Faustin aperçu ce qui semblait être un silhouette. Un humain ? L'idée lui vint de le dévorer, laissant apparaître un sourire démoniaque sur son visage. Puis la raison lui rappela qu'il ne savait ni ou il était ni comment rejoindre la civilisation. Crispé il se résolu à calmer ses pulsions, il continua à approcher de la silhouette, tentant tant bien que mal de ne pas l'effrayer.

[postbg=https://2img.net/r/hpimg15/pics/38355380t1.jpg]Haaa cette sensation de puissance que pouvait provoquer une tempête! Que les éléments se déchainent, que le vent hurle, que la pluie fouette et que l'orage éclate!

Il était sur la plage, peut-être, un être unique à profiter de ce genre de spectacle. L'horizon, plus noir que la nuit elle-même, était chahuté de tourbillons mis en lumière par la foudre le temps d'un éclat. Jack n'avait jamais vu un tel carnage dans les cieux et se gaussait de la colère du Dieu, là haut, qui ne pouvait atteindre les sous-sols de tous les vices.

Stoppant un instant ses hilarités, il dodeline légèrement de la tête avant de s'asseoir en tailleur contre le sable détrempé, extirpant une cigarette de ses poches... Un met rare et fournit par son associé des marais, monseigneur Aigracier -moultes courbettes-.

Jack plaque le papier fin entre ses lèvres, prenant soin de le protéger des ondées au creux d'une main rabattue sous son nez. Il approche un second objet tout aussi rare de sa bouche, pensant réussir à enflammer sa 'minute détente'.
Mais le vent ne permet ni la survie d'une flamme, ni une bonne vision au cambion dont la chevelure semi longue est chahutée sur tout le pourtours de son crâne.

Jack peste contre cette tempête qui plus tôt le laissait moqueur! Et à cette injure dressée d'un poing vers le ciel, répond une bourrasque violente qui soulève un fin voile de sable; cinglant le visage du cambion.
L'homme se recroqueville alors sur lui-même, cherchant à créer ce temple de tranquillité au creux de ses épaules. Enfin, une flamme survie assez de temps pour embraser le tabac légèrement humide... et c'est d'un air à la fierté déplacée que le cambion se redresse, rouvrant le regard sur une silhouette s'approchant dans les ombres nocturnes torturées.

L'embrasement de son tabac ne dure finalement pas et alors que le vent fait rougeoyer à l'extrême la zone incandescente, la pluie rabat tout aussitôt l'espoir du cambion qui cette fois n'y porte plus d'attention.
Plissant le regard il retire le mégot de ses lèvres, n'ayant pas même pu tirer une vraie bouffé, avant de hurler contre le vent:
"Qui va là!?"
De son autre main et d'un geste grossièrement esquissé, il décolle une partie des cheveux ruisselants de son front.

Alors qu'il arrivait au niveau de l'homme, celui-ci se mit à hurler :

« Qui va là !??? »

Faustin, observa la personne qui se tenait devant lui, il venait de jeter quelque chose, vraisemblablement une cigarette. Il devait donc y avoir une quelconque civilisation non loin d'ici. Mais que faisait donc cet homme ici, était il fou pour s'aventurer ainsi si prêt de la cote avec une pareille tempête ? La raison de sa présence n’intéressait guère le vampire, après quelques secondes il lui répondit :

« N'ayez pas peur, je me nomme Faustin, je sais que cela va vous paraître absurde, mais je viens d'échouer sur cette cote. Je cherche un endroit où m'abriter un petit moment. »

Faustin ne savait toujours pas à quel type de personne il avait à faire. L'appel du sang se faisait de plus en plus fort. Le froid parcourais maintenant le corps du vampire, cela devait bien faire vingts années que ce n'était pas arrivé. Faustin redécouvris donc malgré lui cette sensation humaine, lui rappelant sa vie d'autre fois, lorsqu'il était encore vivant. Cette idée lui déplu tellement qu'il ne pu cacher son dégoût. Son visage resta figé quelques instants, le temps qu'il se reprenne et arbore de nouveau un visage amical et calme. L'eau coulait sur le visage de Faustin, ses longs cheveux étaient plaqués contre son torse et son dos, nus. Le sable lui aussi s'était collé à sa peau, si bien qu'il cachait la blancheur naturelle qu'elle avait pris durant ses années loin des rayons du soleil. Le soleil ! Il fallait à tout pris que Faustin trouve un abris avant que celui-ci ne remontre le bout de son nez. Il ne savait même pas s'il faisait nuit ou si la tempête cachait tout simplement la lumière du jour. Une immense vague se brisa sur les rochers, éclaboussant le corps de Faustin. Le sable glissa au contact de l'eau laissant une petite partie de sa peau à découvert, le vampire s'empressa alors, dans un geste brusque, de cacher cette partie de son corps avec ses mains.

Jack écouta l'étranger lui répondre, biaisant légèrement le visage face au vent pour mieux l'entendre et le voir. Un sourire s'esquissa sur ses lèvres sans que son front ne se défroisse.
"Absurde?" Répéta-t-il à voix audible malgré le hurlement du vent.
Humectant ses lèvres sans décroitre son rictus il ajoute:
"Mais qu'est-ce qui est absurde! Cette tempête peut-être!..." marquant une légère pause et reprenant son sérieux il continu:
"Y'a un village pas loin d'ici, mais il est dans un sale état... y'a plus grand chose à bouffer dans l'coin! La tempête a tout dévasté, ça fait des jours que ça dur!"

Le vent ne cesse de souffler, redoublant parfois de violence. Il tournoie autour des deux protagonistes en jouant avec leurs vêtements détrempés et leurs cheveux. Sur l'horizon à l'intérieur des terres, une masse plus sombre que celle de la voûte se détache. Étouffée en partie par une épaisse couche de nuages tortueux, qui s’entortillent autour des cimes, une chaine de montagne dévoile son pied.
Dans cette amas brumeux, épais et collant, une lueur rougeoyante explose. Ce n'est pas un éclair et la détonation est lointaine.

Jack se retourne le temps d'une seconde pour observer le phénomène et hausse les épaules:
"J'vais vous conduire si vous voulez! Mais..." se grattant le menton en dressant se dernier il demande:
"Question indiscrète, vous pratiquez la magie ou un truc du genre? Parce que même si le village a prit une grosse baffe avec ce sale temps, les gens qui sont pas comme eux sont assez mal vu... dans le genre cramés après avoir été torturés... ou juste banni s'ils ont de la chance, alors si vous avez un truc spécial, hésitez pas à m'le dire, j'suis pas un mouchard, j'vais vous aider!"

L'homme ne semblait pas avoir remarqué ce que Faustin tentait de cacher, il se mit à sourire reprenant le vampire :

« Absurde ? »
« Mais qu'est-ce qui est absurde ! Cette tempête peut-être !... »

Cet homme était-il entrain de se ficher de Faustin, c'est que qu'il pensa immédiatement, il continua à écouter ce que disait l'humain, sans réagir à ce qui semblait être une pique.

« Y'a un village pas loin d'ici, mais il est dans un sale état... y'a plus grand chose à bouffer dans l'coin! La tempête a tout dévasté, ça fait des jours que ça dur! »

Plus grand chose à bouffer !? Il ne savait pas ce qu'il disait, tant qu'il y avait des humains, il y avait de la nourriture. Faustin réalisa alors qu'il allait devoir chasser pour se nourrir, étant habitué à être nourri sans avoir à lever le petit doigt, cela faisait très longtemps qu'il n'avait pas du s’abaisser à de telles choses. Mais après tout, le fait de chasser pourrai tout aussi bien l’amuser, tout comme les chasseurs s'amusent à chasser leur gibier. Leur courant après l'arme à la main, lâchant les chiens pour retrouver le fruit de leur massacre.
Le vent semblait se réjouir d'ennuyer autant le vampire, faisant voler ses cheveux de droite à gauche et de bas en haut, mettant à l'épreuve ses nerfs dans cette situation qui l’énervait déjà au plus haut point. Faustin ne pu s’empêcher de remarquer au loin une violente explosion, laissant derrière elle une faible lueur rouge, certainement provoquée par le feu. Que se passait-il donc vraiment ici, cette tempête ressemblait plus à l'apocalypse qu'à un phénomène naturel.
L'homme ajouta en haussant les épaules :*

"J'vais vous conduire si vous voulez! Mais..."
"Question indiscrète, vous pratiquez la magie ou un truc du genre? Parce que même si le village a prit une grosse baffe avec ce sale temps, les gens qui sont pas comme eux sont assez mal vu... dans le genre cramés après avoir été torturés... ou juste banni s'ils ont de la chance, alors si vous avez un truc spécial, hésitez pas à m'le dire, j'suis pas un mouchard, j'vais vous aider!"

La magie ? De quoi parlait donc cet énergumène ? Faustin n'avait pas la moindre information relatant l’existence de la magie dans ce monde, bien qu'il soit un vampire, c'est un fait, il pensait que son espèce était la seule à avoir reçu un don. Devait il tout lui avouer ? Après tout cet homme restait un humain, connaissant sa nature il risquerai de s'enfuir. Mais Faustin avait il vraiment le choix, si cet homme était au courant de l'existence d'un monde surnaturel, il ne lui faudrait que peux de temps pour se rendre compte de la condition du vampire. Se mordant la lèvre, amer de devoir se confier à une être inférieur, Faustin répondit :


« Écoutez, il semblerai que je n'ai pas vraiment le choix, vous auriez fini par comprendre. Je ne suis pas vraiment humain, ni même vivant … Je pense que vous avez entendu parlé de ceux de mon genre, les vampires. Je vous concède le fait de ne pas faire de vous mon repas si vous m'aidez à survivre. » n'osant pas regarder son interlocuteur dans les yeux tellement il avait été blessé dans son orgueil.

« Je vous ai dit mon nom, mais il ne me semble pas que vous m'ayez dit le votre, puisqu'il semble que nous allons être amenés à rester ensemble un moment, je pense qu'il serai utile que vous m'en fassiez part. »

Faustin n'avait jamais envisagé de demander son nom à un de ceux qu'il considérait comme des êtres inférieurs, depuis sa renaissance. Mais il n'avait qu'une parole, en tant que membre éminent du conseil des vampire il ne pouvait se permettre de déroger à leurs valeurs, même aussi loin de sa juridiction. Il devait respecter sa promesse de ne pas le dévorer.

Dans toute cette pagaille de vent, de pluie et de bruit, Jack n'avait effectivement pas franchement pu prêter attention à ce que son interlocuteur tentait de cacher. Il l'observait le visage biaisé et le regard plissé, les cheveux éparpillés et collés sur son front.

L'étranger du nom de Faustin, répondit avec franchise au cambion, qui du tendre l'oreille pour l'écouter... Il compris que ce dernier, étant vampire, lui ferait la faveur de ne pas l'attaquer. Cette remarque fit sourire Jack qui hoqueta d'un rire bref, presque moqueur.
*Quoi? Ce gringalet à peine aussi grand que moi? M'attaquer et l'emporter? Ouah! Il a pas froid aux yeux ça m'plait! Ou c'est un abrutit!*

Reprenant son sérieux sans se défaire d'un léger rictus il ajouta:

"Désolé, j'me suis effectivement pas présenté! J'm'appel Jack! Et j'suis sur cette île depuis quelques semaines... Va falloir vous préparer à avoir quelques choques sur cette île! Si vous êtes pas habitué aux mauvaises surprises ça va vous faire bizarre d'être là!"

Il lui fit un geste ample du bras droit, lui indiquant de le suivre en direction de la forêt.
"Y'a pas d'autre chemin que la palmeraie, sinon on f'rait un détour bien trop long! C'est dangereux de passer par les bois avec cette tempête, mais y'a pas l'choix! Y'en a pour la nuit à marcher!"

Le vent rabattait les vagues avec violence contre la plage, tassée par la pluie et la grêle des jours précédents. La forêt de palmiers s'étendaient non loin de là, chahutée comme la houle par les rafales, clairsemées de la chute de nombreux arbres déracinés. La forêt s'étendait d'un bord à l'autre de la plage à perte de vue... sur la gauche des deux protagonistes, marchant dos à l'océan, une très faible lumière clignote sur une hauteur située au-dessus de la ligne de la plage... mais totalement aveugle dans la tempête.

"Vous v'nez d'où?!" demanda Jack de cette même voix plus forte.

L'humain semblait encore une fois se moquer de Faustin, lui riant au visage après avoir appris sa condition. Cet homme ne devait pas être n’importe qui pour oser ainsi ce moquer d'un vampire en connaissance de sa nature. Il était soit sur de lui, soit complètement fou. Faustin jetta de nouveau un coup d'oeil rapide vers la zone de l'explosion, la lueur rouge n'avait toujours pas disparu, et cela inquiétait le vampire au plus haut point. Certainement un réflexe encré dans son être de fuir les sources de feu, comme voulant échapper aux hordes d'humains, partis à la chasse aux vampire. Il savait les humains faibles esseulés, mais il avait aussi appris à les craindre lorsqu'ils se regroupaient autour d'un objectif commun. Reprenant ses esprits, cachant de nouveau ça crainte, Faustin écouta ce qu'avait à lui dire l'humain :

"Désolé, j'me suis effectivement pas présenté! J'm'appel Jack! Et j'suis sur cette île depuis quelques semaines... Va falloir vous préparer à avoir quelques choques sur cette île! Si vous êtes pas habitué aux mauvaises surprises ça va vous faire bizarre d'être là!"

Faustin regarda dans la direction du bras de Jack, lui montrant une immense forêt, fort peu accueillante.

"Y'a pas d'autre chemin que la palmeraie, sinon on f'rait un détour bien trop long! C'est dangereux de passer par les bois avec cette tempête, mais y'a pas l'choix! Y'en a pour la nuit à marcher!"

Une nuit entière de marche ? Faustin n'était pas sur d'être en état de tenir tout se temps sans se nourrir. Mais il ne pouvait pas laisser comprendre à son guide qu'il était faible, et incapable de se battre à pleine puissance en cas de problème. Cette île semblait incarner tout ce que Faustin avait toujours voulu éviter. Ici, son autorité ne lui servirait à rien, les vampires de cette île, s'il y'en avait, ne devait certainement pas être dirigés par le conseil. Alors qu'il était pris dans ses pensées Jack rajouta :

"Vous v'nez d'où?!"

Faustin fatigué de réfléchir se contenta de répondre, trop faible pour s'offusquer d'être traité aussi banalement par un mortel.

« Je viens du royaume d'Angleterre, du district de Londres plus précisément, je me dirigeais vers le nouveau continent pour y assurer la suprématie de l'ordre. Mais c'était sans compter sur cette foutue tempête ... » Faustin marqua une courte pause serrant ses poings avant de rajouter.

« Je ne sais pas pourquoi je vous parle autant, en un certain sens votre présence me semble familière, vous ne sentez pas comme tout les autres humains. Peut être méritez vous d'être considéré ... »

Faustin continua de suivre son guide, ne remarquant pas les faibles scintillements lumineux venant des hauteurs.

Jack marchait en direction de la forêt, comptant à son côté le naufragé qui paraissait à juste titre affaibli. Mais que pouvaient-ils faire d'autre que d'avancer...
Faustin répondit à sa question en lui renvoyant une interrogation. C'était le début d'un jeu en question réponse, avec ou sans franchise.
Il ne demandait pas d’où venait Jack mais lui laissait implicitement entendre qu'il sentait qu'il n'était pas comme les autres humains... Le cambion posa sur lui un regard en biais, un éternel demi sourire en coin.

"Z'avez du flaire, vous les vampires. Si j'sentais si bon vous m'auriez sûrement pas fait la faveur de pas m'vider! Haha!
J'mérite pas plus de considération qu'un autre sur cette île.
R'marque, si j'avais été seul entouré d'humains ici, j'aurais été élevé au rang de dieu sûrement haha!
Ici, vous et moi on est plus rien. Alors à part se souv'nir du bon vieux temps...

Si vous z'aviez l'habitude d'êtr' bichonné à Londres ici vous dev'nez le mendiant d'vant la porte. Vous z'avez rien en poche, rien à manger... et en plus z'êtes tombé sur une île qui pourchasse les mecs comme vous et moi... r'marque ça vous change peut-être pas d'avant. Sauf que là... c'est un peu seul contre tous.
Faut être discret... et dans votre cas encore plus que moi, parce que j'ai pas forcément besoin de tuer pour survivre, voir de faire gravement flipper la populace!"

Sous la voûte forestière le vent est moins vif et la pluie moins piquante. Mais le hurlement du vent siffle entre les troncs abîmés et ceux qui jonche le sol, rendant difficile l'avancée.

"J'pourrais éventuellement vous dépanner une fois... Si vous arrivez en vie jusqu'au village j'vous emmènerai voir une pote que j'arriverai peut-être à convaincre pour que vous vous nourrissiez, mais j'promet rien..."

Alors que Faustin arrivait enfin au niveau de la forêt, l'ambiance semblait soudainement plus détendue. Etait-ce du au fait que le temps était comme apaisé, la forêt protégeant sa faune, se hissant comme une barrière face au vent … Faustin ne fut qu'à moiter surpris d'apprendre que Jack n'était pas humain, vu ce qu'il lui avait dit juste avant. Son impression était donc fondée. Le vampire était dorénavant plus à l'aise, au moins il n'était pas entrain de confier sa vie à un déchet humain. Mais le fait que Jack ne soit pas un simple mortel n'était pas ce qui préoccupait le plus Faustin. Mais plutôt ce qui suivait, il n'avait pas relevé l'information plus tôt, mais il était bien sur une île, donc coupé du monde. La désillusion frappa alors le non-mort, non seulement il allait devoir se cacher, bien qu'il en ai l'habitude d'une certaine façon, mais il allait en plus falloir redoubler de prudence, les humains étant au courant de l'existence des êtres surnaturels. Faustin accepta cette fois le ton désinvolte que prenais Jack en lui parlant, il venait de lui reveler des informations capitales sur sa situation. Mais quelque chose le gênait encore, il demanda instinctivement plus de précision à son guide.

« D'accord, j'ai bien compris ce que vous me dites mais … » prenant une courte pause comme n'osant pas poser la question, ou plutôt en connaître la réponse

«  Vous semblez parler comme si j'allais devoir m'installer sur cette île, je compte bien partir d'ici avec le prochain bateau, une fois cette tempête terminée »

Il ajouta réagissant à la proposition de dîner :

« Je ne comprend pas bien ce que vous voulez dire, est-ce que vous me dites qu'un personne serait volontaire pour me nourrir ? »

Rien que l'idée du sang, coulant sur sa bouche, laissant entre ses dents un léger goût de fer, fit amplement sourire le vampire, laissant ressortir ses crocs à l'air libre.

L'avancée était jonchée d'obstacles, le sol remué par la chutes d'arbres, recouverts de longs feuillages et de fruits fracassés. Tout en restant alerte sur sa façon de progresser au milieu du carnage, Jack tourne parfois son regard vers Faustin, décidément amusé par le naufragé et ses déboires.

"Attend, mec... Tu crois qu'tu vas t'sortir d'ici?" Il passa subitement au tutoiement. Circonstance trop sérieuse ou rapprochement pour attirer l'attention sur ses paroles...
"Bon courage alors! Aucun n'est revenu vivant et c'est pas faute de leurs avoir dit de 'revnir avec du secours! Et les autres sont aux fonds des mers...
Tu crois que j'me fais plaiz' à stagner sur cette île moisie, entourée de débiles qui portent le flambeau? Aucun portail fonctionne dans l'aut' sens... T'arrive ici? Tu meures ici... d'une façon ou d'une autre."

Il marqua un regard légèrement compatissant:
"J't'avais dis qu'fallait te préparer à un choque...
En ce qui concerne ma pote j'te promet rien... faudrait qu'elle l'accepte et manque de pot, elle me doit pas d'faveur... Mais on sait jamais sur un mal entendu... et quelques bonnes bouteilles à lui faire vider. Elle se réveillerait juste avec un bon mal de crâne!"

Habitué à marcher sur des sols pavés et non sur une terre humide et parsemée de racines, Faustin manqua plusieurs fois de perdre l'équilibre. Fatigué de son jeun et de son voyage de trois jours dans l'océan, garder la cap à un allure raisonnable s'avérait être un effort de chaque instant. Jack s'adressa de nouveau au vampire, le tutoyant maintenant, comme s'il le connaissait depuis longtemps. Décidément cette personne n'avait pas du recevoir d’éducation, Faustin avait toujours vécu dans un milieux noble, que ce soit de son vivant comme dans la mort. Il s'arrêta net, horrifié par ce qu'il venait d'entendre. Bloqué ici pour l'éternité, il avait déjà envisagé de devoir faire quelques concessions le temps de rentrer en Amérique, mais cette nouvelle était le coup de trop. Comment allait-il pouvoir se nourrir, le vampire ne pouvait pas se permettre de tuer ses victimes, étant sur une île, la population était bien trop faible et une résistance se formerai bien trop vite. Dans une rage intérieure immense, il frappa le premier arbre qu'il pu, broyant son tronc sur quelques centimètres, laissant l'écorce s'enfoncer dans sa chair. Seules quelques goûtes de sang coulèrent preuve du grand manque de fluide vital de Faustin. Il ne prêta pratiquement pas d'importance à la remarque de Jack sur son futur repas.  Le regardant et prennent un voix coléreuse il s'adressa à Jack, sans prendre le temps de marquer une pause dans son discours :

« Comment peux tu rester aussi calme ? Je ne peux me permettre de rester ici, j'ai une mission ! Explique-moi, comment suis-je censé survivre ici, les humains serons méfiants, ayant conscience de notre existence. Tu m'offre un repas pour aujourd'hui, mais demain, et les autres jours … Et il est hors de question que je vive comme un rat, les humains ne sont que du bétail, jamais je ne me soumettrais à eux! Je n'ai pas de maison, je suis certainement le seul de mon espèce sur cette ile !»

Faustin s'était mis à tutoyer Jack à son tour, sans vraiment s'en rendre compte, enivré par sa colère.

Jack sursauta brusquement, en percevant le mouvement et le choque de son compagnon de route. Stoppant sa marche, tout comme son regard écarquillé sur Faustin, il laissa tout aussitôt retomber sa tension. Relâchant les épaules et fouillant dans l'une de ses poches, pendant que son interlocuteur peste contre tous ces malheurs il ajouta:
"Hé bah quelle force, j't'avais sous estimé... Intelligent d'ailleurs le coup de t'défouler sur un arbre sûrement affaiblis par la tempête. Si tu veux augmenter les risques du parcours met toi la tête dans le tronc la prochaine fois..."

Sans franchement le regarder et d'un air nonchalant, Jack sort une autre cigarette humide et la porte à ses lèvres. Le regard plissé il remonte son attention bicolore vers l'étranger et reprend en soupirant:
"Hey ouais, on vit dans un monde cruel.
Si t'as toujours vécu sous les jupes de ton père c'est sûre que la transition va être violente... En c'qui nous concerne tous ici c'est marche ou crève... Si t'es pas battit pour survivre tu serviras de nourriture à ceux qui veulent encore y arriver.
A toi de te fier à tes forces et ta volonté."
Retirant une miette de tabac du pouce et de l'index sur sa langue, il repose la cigarette entre ses lèvres et clac ses doigts... Pourquoi s'était-il servi d'un briquet plutôt? Bonne question...
Du claquement fuse quelques étincelles qui s’enflamment et se stabilisent pour embraser l'embout du mégot. Dans air tout autant nonchalant il agite avec idiotie sa main pour éteindre la flamme et reprend:

"T'es pas l'seul sur cette île.
Y'avait un gars que j'connaissais bizarrement d'avant... Un certain Daeros qui a vécu dans le phare sur la falaise. Personne vit là-bas, je sais pas si il y est encore... Mais on a plus entendu parlé de lui depuis un moment...
Il avait réussi à prendre un mec dans sa toile... Ce gars là il en a fait son calice. Il l'a envouté et fait sa bête de foire... C'qu' j'trouve étonnant parce que ce type c'est mon coloc' maintenant, et il a un vrai caractère de merde. J'sais pas comment il a fait pour s'laisser chopper comme ça. C'est un guerrier, c'est chaud-quoi.
Bref, on c'est trouvé une baraque tranquille dans les marais sous la forêt à l'ouest."
Jack abrège rapidement et ajoute:
"Mais attend, tu doutes de toi au point de penser pas pouvoir envouter la première bergère innocente qui te tomb'ra dans les bras? T'as la belle gueule, t'es un vampire-quoi... Les filles des champs sont généralement sotte... et ce serait pas la première fois que l'une d'entre elle disparait."

Faustin, l'esprit encore embrumé par la colère, se concentra tant bien que mal pour écouter les paroles de Jack. Cet homme, si l'on peux l'appeler ainsi, était décidément trop sincère, ou peut être n'était-ce qu'une façade … Quoi qu'il en soit, les propos de Jack atteignirent finalement Faustin, lui rappelant ses premières années de vampire, alors qu'il suivait une formation militaire pour l'Ordre.

*Bordel, mais qu'est ce que je suis entrain de faire, je suis toujours un représentant de l'Ordre, même ici. Je ne peux me donner ainsi en spectacle, ou je ne serais plus digne de mon rang. Peux importe que je doive m'abaisser à tuer moi même, on m'a appris à le faire. Tout comme me l'impose le code, en cas de nécessité absolue, un membre de l'Ordre est autorisé à tuer sans permission. Il devra cependant veiller à ce que ses actes ne soient pas une menace pour l'Ordre. Loin de ses frères il devra représenter l'Ordre avec honneur, et ne pas salir sa réputation, même devant un mortel.*

Ses pensées firent sortir Faustin de sa transe, il repris ses esprits, retirant les morceaux de bois qui s'étaient logés dans sa main. Avec un morceau de tissu encore humide, il nettoya son sang, laissant apparaître ses plaies. Il observa Jack allumer ça cigarette sans utiliser de briquer, preuve qu'il était digne de considération. Après avoir regardé le ciel, et fait serment de fidélité à l'Ordre, prononçant les mots "Je le jure dans l'ombre" et faisant signe avec ses doigt de se trancher les vaines au niveau du poignet; il se retourna en direction de Jack. Lui présentant un visage maintenant amical, il lui répondit :

« Je m'excuse pour mon comportement indigne de votre personne, j'ai manqué à mes obligations en perdant ainsi le contrôle et vous suis redevable pour vous avoir ainsi manqué de respect. Je vous remercie d'avoir su me faire réagir et remettre en question mon serment. Je n'avais pas pris en compte que vous étiez vous aussi dans une situation similaire à la mienne, coincé sur cette île. »

Faustin marqua une courte, comme il en avait pris l'habitude. En effet n'ayant pas besoin de reprendre son souffle, il du apprendre à parler comme une humain pour ne pas éveiller leurs soupçons. Puis il continua :

« Et pour répondre à votre question je ne doute pas de mes capacités, j'avais simplement trop d'orgueil pour m'imaginer chasser moi même. J'accepte donc volontiers votre invitation à dîner, si on peut dire ainsi. »

Faustin était aussi rassuré de savoir que certains de ses congénères était parvenu sur cette île, l’espoir d'en rencontrer n'était donc pas perdu.

Jack tira la fumée de sa cigarette, plissant le regard en observant Faustin déloger les grosses échardes de son poing. Son sourcil s'arque en voyant l'étranger jurer fidélité à ce qu'il venait pourtant de rayer de sa vie... C'était quoi l'Ordre? Boarf?! Soufflant sa vapeur noirâtre d'entre ses lèvres, dissipée par la légère pluie qui la rabat, Jack reste silencieux. Fixé sur ses appuis d'une façon désinvolte...
Encore plus étonnant, et qui lui fit écarquiller le regard à une nouvelle bouffée presque avortée, Faustin s'excuse et s'adresse à lui comme à une personne de marque.
*Ha merde j'l'ai impressionné avec mon claquement de doigt?*
"Y'a pas d'soucis mec, on est tous dans la même galère... et j't'avais prévenue que t'allais t'en prendre un coup... bah c'est fait. Y'a pas de mal donc... T'aurais réagit avec le sourire que j'me s'rait posé des questions sur les conditions d'ta vie d'avant."

Faustin accepta l'invitation de Jack, et ils purent reprendre la route d'un pas toujours alerte face au vent sous la forêt...

"Hum... juste, si t'as pas l'habitude de chasser toi-même, fais-toi discret et... essaie de ressembler à c'que tu bouffes sinon j'vais devoir en faire deux fois plus pour que tu t'en sorte ce soir."

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