Un abri de fortune

Suite de "Voiler échoué"

Faustin revenait vers la grotte qu'il avait repéré un peu plus tôt dans la nuit. Le jour n'allait pas tarder à montrer le bout de son nez. Il déchargea sa cargaison d'alcool à l'intérieur de la cavité bien au fond laissant un peu de place pour pouvoir s'y coucher. Utilisant son radeau il boucha l'entrée de la grotte sans vraiment prendre la peine de dissimuler sa cachette. La tempête grondait toujours dehors, mais elle s'était bien calmée par rapport à l'arrivée du vampire sur l'île.

Quelque peu fatigué d'avoir autant voyagé, Faustin s'empressa de s'enrouler dans le morceau de voile qu'il avait récupéré. Avant de s'endormir il ne pu s’empêcher de penser à sa première nuit sur l'île. Il avait vraiment eu de la chance de trouver quelqu'un pour l'escorter et lui proposer un petit dîner. Dans les jours à venir il allait devoir trouver une véritable maison et de quoi vivre sur ses terres. Il pouvait dire adieux à ses privilèges, ici on lui avait bien fait comprendre qu'il n'était rien de plus qu'un naufragé parmi les autres.

Restant sur ses gardes, le vampire s'endormit.

En ces temps de troubles, peu de monde osait s'aventurer hors du village. Que ce fusse la peur d'affronter le désordre de la tempête, ou bien la nécessité de demeurer auprès de sa famille pour affronter la misère et les dégâts, les villageois n'avaient guère l'envie de quitter la sécurité des murs du bourg.
Anna-Sophia n'avait nulle famille à protéger et sa demeure avait déjà subit les premières réparations nécessaires afin qu'elle continue à tenir debout. Sin embargo, ses vivres diminuaient peu à peu, et la nécessité de faire du troc ou de trouver sa propre nourriture se faisait gentiment sentir. Elle osa donc sortir du village, bien que quelque peu agitée par la colère qui s'abattait encore sur l'île. L'aube était le moment qu'elle jugeait idéale pour une sortie, loin des regards indiscrets des villageois.

Ses pérégrinations menèrent ses pas vers la plage, là où bien souvent les épaves de bateaux venaient se fracasser contre les rochers, espérant dénicher quelques affaires utiles et échangeables. Ce fut à ce moment là qu'elle sentit une espèce d'aura. Étrange... ce n'était pas la première fois que son instinct lui dictait ce genre de pressentiment. Elle n'en avait parlé à personne et ne tenait pas à le faire. Après tout, ce n'était pas non plus comme si cela se manifestait tout le temps.
Son regard scruta la plage, sans succès. Il n'y avait guère âme qui vive. D'où cette sensation lui venait ? Voulant s'essayer à quelque fantaisie, Anna-Sophia ferma les yeux et chercha la source de son trouble. L'aura se tenait derrière elle, à l'opposé des flots. Elle rouvrit donc les yeux et se mit à arpenter l'orée de la jungle. La lumière du jour n'était pas encore bien là, elle faillit ne pas remarquer la grotte. Mais l'aura émanait bien de là, faible signe de vie que la jeune femme apprenait doucement à reconnaitre.


- Ola ? Il y a quelqu'un ?

Sa voix tremblait légèrement. Cette vie pouvait être aussi bien celle d'un naufragé que d'un animal sauvage, et dans les deux cas, rien ne disait qu'il était dangereux ou non. La jeune femme se mit en position de défense, son bâton métallique bien en main prête à frapper, et elle avança doucement dans l'obscurité. Elle n'avait rien pour faire un peu de lumière, aussi veilla-t-elle à ne pas trop s'éloigner de l'entrée de la cavité.

Faustin était couché depuis quelques heures maintenant. Son esprit était confus, il était là, couché dans un lit luxueux. Le soir semblait à peine se coucher, mais quelque chose n'allait pas. Il se leva et marcha en direction d'une armoire, tout ce qui l'entourait lui semblait familier. Tout était bizarre, aux mauvaises proportions, comme dans un rêve. Le vampire, sans vraiment savoir pourquoi, tira un morceau de tissu qui semblait cacher quelque chose. Il fit quelques pas en arrière surpris de voir son reflet dans un miroir, qui plus est ce n'était pas lui. Enfin c'était lui, mais plus jeune lorsqu'il était encore enfant. Tout ça n'avait aucun sens, Faustin ne contrôlait rien de ce qui se passait, et cela l’effrayait. N'ayant toujours pas repris le contrôle de son corps, il alla s'asseoir sur son lit, comme attendant quelque chose. Puis rapidement, quelqu'un entra dans sa chambre, mais il ne pu voir qui il était. Une sorte d'ombre enveloppait la personne, mais une aura chaleureuse et amicale s'en dégageait. L'homme s'approcha dans un silence abyssal et s’essaya à coté du garçon, il passa sa main sur sa tête. Ses doigts se faufilaient dans ses cheveux, procurant au vampire une sensation de bonheur ultime, une sensation qu'il n'avait plus ressenti depuis des années. Cet homme .. C'était … C'était …

Tout à coup le vampire se réveilla, quelque chose n'allait pas. La nuit n'était pas encore tombée, Faustin était d'une humeur écrasante après avoir été sorti de son sommeil contre sa volonté. L'homme dans ses rêve il savait maintenant qui il était, c'était à coup sur Godric, l'homme qui avait fait de lui un immortel. Le vampire avait oublier son visage, ce qui expliquait certainement le fait qu'il n'avait pas pu le voir dans son rêve. Une voix le sorti soudainement de sa réflexion, c'était une femme, elle semblait quelque peu effrayée. C'était tout à fait logique, après tout peu de personnes sensées iraient vivre dans une grotte. Le vampire sorti légèrement le haut de son corps du draps dans lequel il dormais. Cachant son visage avec son bras, prêt à se cacher d'un rayon de soleil qui voudrai le taquiner. Il répondit énervé :

« Ouais, qu'est ce que vous voulez ! »

Une voix énervée lui répondit dans les ténèbres de la grotte, dénuée de politesse.

- Oh... il y a donc effectivement quelqu'un.


Restant tout de même sur ses gardes, elle tint à se montrer plus accueillante. Il se pouvait que ce soit un naufragé et que ce dernier cherchait simplement à rester à l'abri. Il pouvait également s'agir d'un ancien rebelle qui se cachait.


- Mon nom est Anna-Sophia Armadi, et je viens du village. Êtes-vous un naufragé ?

Elle s'arrêta à une distance honorable de l'inconnu. Assez loin pour espérer échapper à une éventuelle attaque, assez près également pour ne pas paraitre impolie. Une fois encore, Anna-Sophia faisait la démonstration de sa parfaite éducation. Dans le noir quasi total, la jeune femme distinguait seulement la blancheur du tissu avec lequel l'inconnu se couvrait. Elle essayait de distinguer ses traits, mais en vain, et en fut réduite à imaginer le physique de son interlocuteur.

L'humaine s'approcha prudemment du vampire, une créature plutôt charmante et imposante pour une femme. Elle était visiblement armée, mais Faustin ne ressenti aucune intention agressive venant de sa part. Elle se présenta, il s'agissait visiblement d'une personne bien éduquée, certainement de bonne famille. Si elle était tombée sur le vampire quelques heures plus tôt elle aura pu devenir son repas, mais heureusement pour elle, Faustin s'était nourri la veille. Décidément, les humains de cette île avait du se donner le mot pour oser importuner le non-mort. Les habitants de cette ville étaient jusqu'à présent le parfait opposé de l'image qu'avait Faustin de leur espèce. Si bien qu'il ne pouvait se résoudre à les considérer comme du bétail, chose qu'il faisait depuis des années. Toujours autant blessé d'être l'objet de l'attention d'un mortel, il se présenta à son tour comme son rang le lui imposait.

« Je me nomme Faustin Grantz, anciennement habitant d'Angleterre, je suis bien un naufragé comme vous le dîtes si bien. Je suis arrivé sur cette île la nuit passée. »

Faustin se demandait quelles étaient les intentions de cette Anna, il se découvrit de la toile du navire, prenant bien soin de refermer sa chemise. Il recula de quelques pas se collant pratiquement à la paroi de la caverne, intimidé par la présence du soleil. En reculant il manqua de perdre l'équilibre se rattrapant en s'appuyant contre un rocher, dans son mouvement il ne pu s’empêcher un léger rictus, laissant apparaître ses dents le temps d'un instant. Conscient de son erreur, il fixa l'humaine afin de scruter sa réaction. Il était pratiquement sur qu'elle n'avait rien vu, la grotte était si sombre qu'il était presque impossible qu'elle ai remarqué quoi que ce soit.

L'homme se présenta, et il affirmait être sujet d'Angleterre, pays qui n'était pas inconnu de la jeune femme. Par expérience, elle savait que les habitants de l'île ne venaient pas des mêmes époques, ni des mêmes mondes. Cet homme-ci venait peut être du même monde qu'elle, et son cœur ne put s'empêcher de se serrer d'émotion à cette pensée. 
Elle n'avait jamais mit les pieds en Angleterre, n'ayant pratiquement jamais quitté son Espagne natale, et la seule fois où elle aurait du se rendre dans un autre pays, son avion avait été prit dans une tempête et s'était crashé sur la plage. Elle ne connaissait de l'Angleterre que ce qu'elle avait apprit à l'école, lu dans les livres, ou encore entendu parler grâce aux étudiants étrangers qui venaient se parfaire dans son pays. Pour elle, l'Angleterre était un pays froid où il pleuvait toujours, où les gens buvaient du thé ou de la bière, et dont le trait de caractère principal était un flegme quasi-légendaire.


- La nuit dernière ? C'est donc très récent.

Elle s'abstint de demander de quelle époque il venait. Ce n'était guère poli d'assaillir de la sorte une personne qui venait de probablement tout perdre et qui se retrouvait dans un environnement inconnu et hostile. No, si elle avait des questions de cette nature, cela attendrait que cet homme ce soit intégré à l'île.
Le naufragé semblait reculer de plus en plus, se morfondant dans l'obscurité de la grotte, glissa sans gravité, mais heureusement pour ce dernier, Anna-Sophia ne vit point sa dentition un peu spéciale. Elle n'eut donc pas peur de lui, mais au contraire, s'inquiéta pour lui.

- Atenciòn ! Les parois ont l'air glissantes, si vous désirez un abri plus sûr, je peux vous en indiquer un. Par ailleurs, il y a un village sur cette île, sans doute préfèrerez-vous la sécurité d'une communauté.

Encore qu'avec les récents évènements, les villageois étaient un peu à vif. Sans parler que la jeune femme ignorait si le naufragé avait de quoi monnayer sa pitance. Pero, c'était mal de refuser de l'aide à une personne en difficulté pour des histoires idiotes de clochers.

- En tout cas, je vous souhaite la bienvenue sur Islaberu. Une île dont personne n'a encore réussi à fuir...

Elle ne disait pas cela avec amertume. Elle avait accepté son sort, sans fatalité, mais comme une chance de recommencer de zéro une vie qui avait été un échec par le passé. Elle avait dû apprendre à se débrouiller et à acquérir un peu plus d'assurance. Même si ce n'était pas encore gagné, Anna-Sophia avait quand même fait beaucoup d'efforts.
Mais si elle s'accommodait bien de son sort, ce n'était pas le cas de tous les naufragés d'Islaberu. Certains travaillaient encore à s'échapper.

- Allez-vous bien ?

L'homme ne paraissait pas très à l'aise, et la jeune femme se demanda s'il n'était pas blessé. En tout cas, il devait sans doute être méfiant à son égard.

Encore une fois, cette Anna se montra bienveillante à l'égard du vampire. S'inquiétant de son sort et lui proposant un endroit où vivre et la protection du village. Mais Faustin ne ressentait ni le besoin de vivre en ville, ni même l'envie de se mêler aux mortels. Et quand bien même il l'aurai voulu, son style de vie ne le lui permettait pas. Les villageois ici semblaient quelques peu informés sur les êtres surnaturels, un homme qui ne sort que la nuit éveillerai rapidement des soupçons.
Faustin remarqua rapidement un accent qui ne lui était pas inconnu, le vampire avait déjà été en Espagne pour … affaires, mais ce n'était vraiment pas un pays qu'il appréciait. Les gens y étaient bien trop émotifs, et trop peux éduqué. Non pas qu'en Angleterre tout le monde fut éduqué, mais tous savaient quel était leur place dans la société.

«  Je vous remercie mais je préfère le calme à l'agitation, une personne m'a parlée d'un phare qui serai abandonné ? Je pense qu'un tel endroit me conviendrai mieux. »

Anna demanda son état à Faustin, après lui avoir souhaité la bienvenue sur l'île, et une fois de plus rappelé qu'il ne pourrai pas s'en échapper. N'ayant plus vraiment de contacts avec d'autres personnes, le vampire se tenta à engager une discution. Il allait bien devoir se sociabiliser un minimum s'il ne voulait pas perdre la raison.

« Arrêtez moi si je me trompe mais il m'a semblé entendre un petit accent lorsque vous parliez à l'instant. Ne viendriez vous pas d'Espagne ? J'y ai moi même effectué un petit voyage il y'a de ça … *Faustin se ravisa avant de donner une période exacte, ne voulant pas compromettre sa couverture* quelques années ... »

Faustin déclina sa proposition de joindre le village, trahissant le fait qu'il n'aimait sans doute pas l'agitation d'un bourg, ou le contact avec trop de gens. Anna-Sophia pouvait comprendre cela, elle même avait du mal avec les rapports humains, même si sa vie sur l'île avait changé ses habitudes. Finalement, cela l'arrangeait de ne pas avoir à le mener au village, car la dernière âme perdue qu'elle avait ainsi guidé l'avait passablement trahie et abusé de sa confiance en la mettant dans le pétrin sans se préoccuper par la suite de son sort.

- Bien, il y a effectivement le phare, où personne du village ne vient jamais. C'est d'avantage le territoire des exclus, des gens qui possèdent des dons susceptibles d'effrayer la populace commune du village.

Puis, étant presque surprise du fait qu'il connaisse déjà le phare par un "on-dit", la jeune femme fit remarquer :

- Vous avez déjà croisé quelqu'un, no ? Inutile de dire son nom, ce n'est pas très utile et je pense que la personne en question souhaiterais que l'on reste discret sur son identité.

Elle songea à Fanellia, et à son habitude de errer sur la plage à la recherche de matériaux et vivre à utiliser ou échanger. Peut être l'avait-il croisée. Faustin remarqua son accent, l'étudia et en conclut qu'elle était native d'Espagne. Anna-Sophia rougit, et remercia le ciel que dans la pénombre de la grotte, il fut impossible de remarquer la soudaine rougeur.

- Efectivamente, je viens d'Espagne. Les villageois d'Islaberu s'amuse de mon fort accent, il trouvent cela charmant et exotique. Je doute qu'il y ai d'autres espagnols ici, je n'ai entendu personne parler ma langue, et peu la comprennent.



Qu'un naufragé ait pu fouler la terre de ses ancêtres réchauffa le coeur de la jeune femme. Au moins, cet homme voyait de quoi elle parlait, et connaissait cette terre de chaleur et de soleil. Mais tout ceci commençait à devenir lointain, un souvenir du passé que les flots de l'océan emportaient avec eux.



- Pero, c'est du passé. Je n'aime pas parler de ce qui fut avant mon arrivée ici, j'ai tout repris de zéro et cela me va très bien. Savez vous comment vous rendre au phare ? Je ne pourrais vous y mener, mais je peux au moins vous indiquer la direction. 


C'était la moindre des choses, dans son cœur, elle avait cette véritable envie d'aider son prochain. N'ignorant pas que ses actes pouvaient avoir des répercutions dans un milieu si restreint, elle préférait apporter du Bon, que de s'adonner à l'égoïsme et à la méfiance injustifiée. En son âme et conscience, elle savait qu'un jour, elle serait récompensée pour ses bonnes actions. 
Désormais, elle n'arrivait plus à se méfier du naufragé. S'il avait voulut l'attaquer, il l'aurait déjà fait. S'il la considérait comme une ennemie, il se serait montré plus agressif. Mais que nenni, il se contentait de lui faire simplement la conversation avec courtoisie. La jeune femme baissa donc son bâton et se détendit un peu plus.

Anna dans une phrase lâchée dans la discussion, sans ambitions apparentes, précisa qu'en règle générales ce genre d'endroit étaient plutôt fréquentés par des personnes spéciales. Elle n'avait certainement pas fait le rapprochement entre sa propre phrase et la situation actuelle. Le vampire décida donc de prôner l'ignorance afin de rester le plus discret possible. Il pris donc un air surpris, bien que l'humaine n'y voyait certainement pas grand chose dans les ténèbres de la grotte.

« Des dons susceptibles d'effrayer les gens ? De quoi êtes vous entrain de me parler ? De sorcellerie, je ne crois guère à ce genre de délires impies. »

L'humaine le questionna ensuite sur sa rencontre passée, avant de se rétracter poliment. De toute façon Faustin n'avait aucune idée de qui était bien vu où non sur cette île. Il ne pouvait risquer de s'annoncer publiquement ami de tels ou tels personnes, ne connaissant pas leurs réputations. Et puis Jack n'était de toute évidence pas la personne la plus Clean de l'île.  
Anna rougie légèrement à la réaction du vampire sur son pays. Un mortel n'aurais pas pu remarquer ce détail, mais la nature de Faustin lui permettait de voir de nuit comme de jour. Et même mieux que de jour, de toute façon ce n'était pas comme-si il avait vraiment l'occasion de se promener dehors en journée. Elle lui raconta ensuite quelques anecdotes sur les habitants de l'île et ses origines. Puis elle précisa ne pas aimer parler de son passé, depuis qu'elle habitait ici. Elle lui proposa de lui montrer le chemin du phare s'excusant de ne pouvoir l'y accompagner.
Faustin pris un peu de temps avant de lui répondre, se disant qu'il serai préférable que lui aussi oubli son passé. Mais il ne pouvait décidément pas s'y résoudre, remettant son questionnement à plus tard il répondit :


« J'aimerai bien que vous m'indiquiez le chemin vers se phare en effet, de toute façon je n'aurai pu vous suivre. En effet depuis mon réveil ici, sur cette île, je me sent en décalage avec le temps, comme si le jour et la nuit avaient été inversés. Je reprendrais certainement un rythme plus convenable à l'avenir. »

Le naufragé lui sortit un discours moqueur sur ce qu'elle appelait " des dons susceptibles d'effrayer les gens". Elle eut une petite moue, n'aimant guère que les gens se moquent de ses paroles, ou de ses croyances. Cependant, elle ne pouvait point blâmer une personne qui ne connaissait rien aux mœurs de l'île et des étrangetés qui s'y déroulaient. Elle tint quand même à le mettre à la page :

- Moquez-vous donc ! Il existe bien des gens avec des capacités que les gens du village qualifient effectivement de "sorcellerie". Personalmente, je n'ai rien contre les gens dotés de pouvoirs particuliers, pero, il n'en est pas de même pour tous. De fait, les gens supposés avec des dons se retrouvent à les cacher ou à être exclus du village. Il se peut que vous en croisiez.

Reprenant son calme, la jeune femme réfléchit au chemin que devait prendre son interlocuteur pour accéder jusqu'au phare, se remémorant en détail les cartes de l'île qu'elle avait soigneusement étudié au cours de son séjour dans le coin.

- Bien, pour aller au phare, il faut aller en direction de l'ouest, quitter la plage et s'enfoncer dans les marécages. Au bout se trouvent des falaises où le phare domine de toute sa hauteur. Je crois me souvenir qu'il faut près de trois jours de marche entre la plage et là-bas, donc si j'étais vous, je veillerais à avoir quelques provisions dans ma besace. Pero, j'imagine que vous êtes un grand garçon, et que vous saurez vous débrouiller. Vous m'avez l'air plus épuisé que blessé. Je vais donc me retirer et vous laisser à votre repos. Mais prenez garde aux créatures peuplant l'île, ils ne sont guère amicaux pour la plupart. Buena suerte señor.

Elle ne pouvait l'aider d'avantage, car Faustin semblait très bien s'en sortir sans son aide. Il ne lui avait manqué au final que quelques informations, et donnait la vive impression de ne rien demander de plus et de ne surtout pas vouloir se mêler aux autres.
Anna-Sophia ne remarqua à aucun moment la nature réelle du naufragé, et ne s'imaginait pas qu'en d'autres circonstances, il aurait pu devenir dangereux auprès d'elle.
Elle recula, prête à laisser Faustin à son repos.

La jeune femme insista sur l'existence de personnes dotées de pouvoirs surnaturels. Le vampire continua a feinter l'ignorance, levant les yeux au ciel comme si ça lui passait au dessus de la tête. Puis Anna lui indiqua le chemin pour se rendre jusqu'au phare depuis sa position. Le voyage s'annonçait long, mais le vampire n'avait pas vraiment le choix. Il devait trouver un endroit où s'installer s'il voulait pouvoir survivre sur cette île. L'humaine se recula pour partir, a vrai dire la présence de Faustin ne devait pas lui être des plus agréables.

« Bon je suppose que c'est le moment où nous nous quittons … En tout cas je vous remercie pour les information que vous avez pu me fournir, en ses temps mouvementés tout est bon à prendre. Si vous pouviez veiller à bien replacer les planches de bois à l'entrée, que je ne me retrouve pas avec une bête errante à mon réveil. »

Faustin salua la jeune femme la regardant partir au loin, espérant pour elle de ne pas la recroiser un jour de chasse. Le vampire s'enroula de nouveau dans la toile du navire pour y passer le reste de la journée. Il devait se reposer, car le soir même il allait devoir entreprendre un long trajet de plusieurs nuits. Finalement son abris de fortune allait certainement se révéler bien plus confortable que ce que présageait les jours à venir. La douceur des anciens jours lui semblait de plus en plus lointaine, avec ce naufrage s'envolait toute son histoire, tout ses repaires. Faustin mis au moins une heure à s'endormir de nouveau, gêné par la lueur du jour et le bruit des vagues.